Le Monêtier
376 route de Grenoble05220 Le Monêtier-les-Bains
Surnommée Serre Che pour les initiés, la vallée de Serre Chevalier se situe au sud du département des Hautes-Alpes. Les skieurs venus profiter du vaste et magnifique domaine n’y manquent pas d’hébergement, mais rares sont les établissements ouverts toute l’année. Ce sera le cas du projet que m’a confié Guillaume Multrier, entrepreneur originaire de la région et fondateur du groupe Les Hôtels (très) Particuliers. Visionnaire, il imagine de nouveaux modèles d’hôtellerie, créatifs et durables, et me sollicite pour la direction artistique du lancement d’un hôtel quatre-étoiles et de son restaurant à Monêtier-les-Bains, le plus chic des villages de la vallée. Lorsque j’arrive sur le projet, l’hôtel n’existe encore qu’à l’état de plans. Très vite, mon regard se fixe sur une particularité de la façade côté terrasse : le toit, en forme de W inversé, fait écho à l’accent circonflexe du « e » de Monêtier. De ce lien entre le nom et l’architecture naît le logotype et le signe iconique de l’hôtel : un double accent circonflexe, évoquant à la fois les sommets des Écrins et la silhouette du chalet. Décliné en bois de mélèze ou en béton, les matériaux du bâtiment, ce signe est aussi un objet à part entière : conçu pour laisser une trace au client, et devenir, pourquoi pas, un souvenir à rapporter chez soi. Le restaurant, baptisé Le Stabatio en hommage aux anciens bains romains du village, s’inscrit dans cette même logique identitaire. Les deux entités se réunissent dans un monogramme unique, désormais apposé sur la façade du bâtiment, le long de la rue principale du village. Un programme artistique m’a également été confié pour les 21 chambres : il s’agissait d’y insuffler une âme, là où trop souvent les hôtels demeurent impersonnels. J’ai choisi de collaborer avec l’Atelier Novat, gardien du travail de Pierre Novat, peintre et cartographe de montagne. Ses illustrations, devenues iconiques sur les plans des domaines skiables, se déploient ici en grand format, sous forme de cartes d’école cartonnées et œilletées. Chaque chambre accueille sa propre composition : photographie, peinture à la gouache, illustration originale et objet iconique, soigneusement pensés pour raconter la montagne autrement. Le livret d’accueil, Panorama, prend la forme d’un petit journal mêlant informations pratiques et portraits d’artisans. Les porte-clés reprennent le signe iconique en miniature, les doorknobs sont réalisés en mélèze gravé au laser, et toute la signalétique suit cette même cohérence matérielle et esthétique. J’ai également assuré la direction artistique du site Internet, intégré à l’écosystème digital du groupe hôtelier. Quelques semaines après l’ouverture, j’ai eu la chance de séjourner sur place pour un reportage photo. L’hôtel avait déjà trouvé sa place dans le village — vivant, chaleureux, et parfaitement ancré dans sa vallée. Une très belle aventure, et sans doute pas la dernière…